Alors que le numérique est omniprésent dans nos vies, une question fondamentale se pose : à quel prix technologique, social et environnemental utilisons-nous nos smartphones, ordinateurs ou services en ligne ? De plus en plus d’acteurs s’interrogent sur cet impact et choisissent d’agir autrement. À Nantes, la dynamique autour du numérique responsable s’incarne à travers des initiatives inspirantes, des entreprises engagées, et un écosystème public mobilisé. Tour d’horizon.
Jérôme Lucas, fondateur de Digital for Better, est catégorique : « On ne pourra pas continuer à consommer toujours plus d’énergie et de matériaux pour faire tourner nos usages numériques. » Depuis cinq ans, son entreprise développe des outils comme Fruggr, qui permettent de mesurer concrètement l’empreinte environnementale des services numériques, et d’agir sur des leviers concrets : écoconception des interfaces, choix d’hébergements moins énergivores, optimisation des ressources.
Mais attention, le numérique responsable n’est pas une régression technologique. Au contraire, les organisations qui s’y engagent constatent des bénéfices tangibles : maîtrise des coûts, autonomie accrue, sécurisation des données… Le frein principal ? Le court-termisme. Car les impacts positifs ne sont pas toujours immédiatement visibles dans un tableau Excel.
🧠 « Parfois, trente minutes de sensibilisation suffisent à transformer la vision d’une entreprise », rappelle Jérôme Lucas, en évoquant les ateliers proposés lors de la Nantes Digital Week.
C’est dans cette logique de sobriété et de circularité que s’inscrit AFB Nantes, entreprise sociale et inclusive, dont la mission est de reconditionner les équipements informatiques. Avec un taux de réemploi de 60 %, AFB redonne vie à plus de 100 000 appareils par an, tout en réduisant l’empreinte carbone du numérique.
Au-delà de l’aspect environnemental, AFB incarne une vision sociale forte : 70 % des salarié·es sont en situation de handicap, formés et accompagnés pour évoluer dans des métiers techniques et porteurs de sens. Le reconditionnement, ce n’est pas juste une affaire de composants, c’est une filière d’avenir, créatrice d’emploi local et inclusif.
Clémentine Delphin, consultante chez Amnis Consulting, le rappelle avec justesse : « Un smartphone de 200 grammes, c’est 200 kilos de matières premières extraites. » L’empreinte écologique des objets numériques est massive, mais souvent invisible.
La solution ? Allonger la durée de vie des équipements : réparer plutôt que racheter, acheter du reconditionné plutôt que du neuf, éviter l’obsolescence logicielle en choisissant des outils durables. C’est une logique de bon sens, économique et écologique. Et ça commence par de petits gestes : faire l’inventaire des appareils inutilisés, les donner, les réparer, ou s’informer grâce à des ateliers comme la Fresque du Numérique.
Un numérique responsable, c’est aussi un numérique pensé pour tous. Cela signifie concevoir des services accessibles aux personnes handicapées, former les publics éloignés, lutter contre les inégalités de genre dans les métiers du digital. Cette dimension sociale, souvent négligée, est pourtant fondamentale. AFB, là encore, montre l’exemple avec une politique RH inclusive et une culture de la coopération.
C’est à l’occasion de la Nantes Digital Week 2025 que tous ces acteurs se retrouvent pour échanger, débattre et expérimenter. Ateliers, portes ouvertes, conférences… le festival devient un moment clé pour faire progresser les consciences et accélérer la transformation.
Parmi les temps forts : une table ronde sur les métiers du reconditionnement co-organisée par AFB et Largo, des sessions sur l’IA éthique, et des démonstrations d’outils de mesure comme Fruggr. L’événement illustre la richesse d’un territoire engagé, où le numérique devient un levier d’innovation soutenable.
Pas besoin de devenir expert pour contribuer à un numérique plus responsable. L’important, c’est de commencer quelque part :
Le numérique n’est pas immatériel. Il a une empreinte bien réelle. Mais il peut aussi être une formidable opportunité s’il est pensé autrement.
À Nantes, la dynamique est lancée. Et vous, quand est-ce que vous commencez ?