MTL Connecte. Le Québec à l’honneur lors du Festival de l’Info Locale

Publié le 21 novembre 2020

INTERVIEW

Le Festival de l'Info Locale est un évènement consacré aux médias de proximité. Il réunit tout l'écosystème de l'information (média, entreprises, associations…) et les invite à échanger sur les enjeux auxquels ils sont confrontés, aussi bien dans le domaine éditorial, du marketing, de la diffusion ou de l'organisation des équipes. De plus, c'est un évènement phare de la programmation Nantes Digital Week qui accompagne les professionnel·le·s à la recherche d'idées, de solutions ou de partenaires pour développer leur activité et innover.

Pour sa seconde édition, le FIL a su s'adapter à la situation sanitaire et profiter de la digitalisation de l'évènement pour élargir ses horizons et aussi rayonner au-delà de la métropole nantaise, de l'autre côté de l'Atlantique.

Chaque année, nous voulons mettre un pays différent à l'honneur sur le festival, afin de croiser les regards et nous inspirer de ce qui se fait ailleurs qu'en France. Cette année nous avons souhaité contribuer à la coopération entre Nantes et Montréal en invitant le Canada "

Julien Kostrèche - Directeur de Ouest Médialab

Plusieurs intervenant·e·s mais aussi plusieurs projets ont été identifiés et invités dans la programmation du festival. C'est le cas notamment de Jean-François Rioux, Directeur général des médias régionaux de Radio-Canada, venu partager son expérience de diversification et digitalisation des formats pour occuper son territoire. 

 

Jean-François Rioux répond à nos questions et revient sur son intervention. 

Quelles sont les spécificités et les convergences entre nos territoires sur le volet des médias ?

Je ne connais pas assez la réalité européenne pour en parler mais je peux vous parler du Canada : avec 10 millions de francophones, pour 35 millions de Canadiens, répartis sur 10 millions de km² et 6 fuseaux horaires, le défi d'être présent localement en Information et de représenter le pays en Information nationale est immense. Ajoutez à cela que 85 % des francophones habitent dans un rayon de 400 km autour de Montréal, cela crée des marchés très disparates à desservir : des marchés de concurrence et des communautés linguistiques en situation minoritaire.

Ceci dit, je crois que nous nous rejoignons en quatre points :

  • Nous avons des médias publics forts, reconnus localement et à l'international
  • Les médias locaux et l'Information locale sont reconnus comme des piliers de nos démocraties
  • Les médias publics sont investis dans l'Information locale
  • Les citoyens croient aux médias publics et à l'Information locale

Vous êtes intervenu lors du Festival de l'Info Locale, à l'occasion de Nantes Digital Week pour aborder le sujet de la diversification des formats. Concrètement, comment cela se traduit-il chez Radio-Canada ?

L'étendue et l'asymétrie du territoire, les différences fondamentales entre chaque région du pays et une immigration qui transforme rapidement le portrait de la francophonie partout sur le territoire nous obligent à nous adapter aux besoins des citoyens. Cette diversité est au cœur de notre stratégie. Pour cela, nous avons choisi une approche asymétrique pour être en proximité et connectés avec eux dans chaque région avec une offre média adaptée.

Les médias locaux sont des acteurs de la démocratie de proximité et des créateurs de liens sociaux. Ils représentent l'intimité, le lien affectif que les citoyen·ne·s entretiennent avec l'information. Le média local complet est la porte d'entrée des citoyen·ne·s de l'écosystème Radio-Canada dans une approche éditoriale intégrée, cohérente et complémentaire.

Dans une approche linéaire de la consommation des médias, le fil d'antenne joue un rôle important pour garder les auditeur·rice·s et téléspectateur·rice·s. Dans une approche multiplateforme, nous engageons les citoyen·ne·s à travers un fil de marque, peu importe la plateforme que vous utilisez pour intégrer l'univers de Radio-Canada. Nous travaillons ainsi pour mettre en lumière l'ensemble de notre offre. Radio-Canada a eu la chance d'avoir été très tôt "multiplateforme" : radio, télé, "web" et d'avoir eu la possibilité de faire des essais-erreurs.

Aujourd'hui, dans un contexte d'offre multiplateforme, nous développons les contenus dans le format le plus adapté pour qu'il rejoigne son auditoire, sur le support de son choix, là où il se trouve, au moment où il le souhaite.

Quels défis doivent relever les médias locaux aujourd'hui ? Quels sont les enjeux ?

Le défi a toujours été le même : rester pertinent pour le citoyen, en Information, en proximité, rester connecté. L'auditoire a changé : la population parle plusieurs langues, peut nous consulter à partir de n'importe quelle partie du monde et est de plus en plus diversifiée. Il faut être à l'image de notre société, il n'y a pas de service public sans public.

Par ailleurs, le phénomène des fausses nouvelles est inquiétant. Ceci dit, au Canada, la pandémie nous a permis de constater à quel point le diffuseur public et le média local pouvaient être un phare pour les citoyens qui cherchent de l'information fiable et de qualité dans des moments troubles. Dans un univers où les grands joueurs numériques s'accaparent la majorité des investissements publicitaires, où les quotidiens de notre pays font face au plus important défi de leur histoire et où des médias locaux disparaissent chaque mois, le service public ne veut pas se substituer à ces joueurs importants et fondamentaux pour la vie démocratique. Nous souhaitons faire partie de la solution. Nous travaillons pour maintenir cette diversité des voix, des sources et d'expressions.

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