À l’occasion de Nantes Digital Week, nous avons rencontré Jérôme Fihey, dirigeant du Crabe Fantôme, une entreprise nantaise spécialisée dans la médiation culturelle numérique depuis 20 ans. Il nous partage sa vision du numérique appliquée au patrimoine, à l’art, et à la transmission des savoirs. Un échange passionnant sur le sens, les récits et les usages responsables de la technologie.
Le Crabe Fantôme conçoit des expositions et des expériences numériques immersives pour les musées et lieux de patrimoine.
Leur objectif ? Créer de l’attention pour mieux transmettre des imaginaires riches et des connaissances avérées.
Pour Jérôme Fihey, le numérique est un outil, pas une finalité. Il permet de capter l’intérêt, de susciter l’émotion, mais doit toujours rester au service du contenu. « On ne commence jamais par choisir une technologie. On commence par se demander ce qu’on veut raconter, à qui, et pourquoi. »
Loin de se limiter aux écrans, l’approche du Crabe Fantôme repose sur des dispositifs innovants, comme le « phygital », contraction de « physique » et « digital », où le numérique s’intègre à des objets réels. Une maquette de bâtiment en bois devient interactive ; un dispositif sonore permet de revivre une scène historique.
Ce choix vise aussi à offrir une vraie déconnexion, loin des usages numériques quotidiens :
« On passe nos journées devant des écrans. L’idée, c’est d’apporter une surprise sensorielle et narrative que les visiteurs ne trouvent pas chez eux. »
Le numérique permet aujourd’hui de mieux inclure tous les publics, en adaptant les expériences aux personnes en situation de handicap, ou en rendant les récits plus sensibles, plus accessibles : impressions 3D en relief, dispositifs sonores immersifs, interactions simplifiées…
« L’enjeu, c’est de rendre les savoirs accessibles à toutes et tous, quel que soit l’âge, les origines, ou les capacités. »
Il ne s’agit pas de transformer tous les musées en parcs d’attractions. Le numérique ne doit pas être un gadget, ni un divertissement pur. Il doit porter du sens, transmettre des valeurs partagées et participer à élever les visiteurs.
Cette démarche s’inscrit dans une réflexion écologique et éthique : comment limiter l’empreinte carbone de ces dispositifs ? Comment éviter la surenchère technologique ? Comment produire des récits fiables et résister à la désinformation ?
Jérôme Fihey est également co-président de PXN, un réseau national de producteurs d’expériences numériques. Avec cette association, il travaille pour un numérique au service du bien commun, et se félicite de participer à la Nantes Digital Week, un événement qui, selon lui, porte haut « une volonté de créer du commun, de transmettre des imaginaires riches et d’utiliser le numérique de manière éthique. »
Une mission : être au service du récit, de la connaissance, et de l’inclusion.
Un numérique qui ne fait pas écran, mais lien entre le passé et le présent, entre les lieux de mémoire et les visiteurs, entre les savoirs et les émotions.
À Nantes, cette vision s’incarne pleinement dans la dynamique de la Digital Week, qui célèbre chaque année l’innovation au service de la société pour que le numérique nous rapproche !